1er Décembre 2008, Journée Mondiale contre le Sida
Exposition multimédia Musée de l’Homme
Mesdames et Messieurs,
Je suis particulièrement honoré d’être aujourd’hui parmi vous et de prononcer ce discours au nom du ministre des Affaires étrangères et européennes, M. Bernard Kouchner, à l’occasion du 20ème anniversaire de la Journée mondiale de la lutte contre le SIDA. Permettez-moi avant toute autre chose, de saluer très chaleureusement les grandes personnalités scientifiques qui nous honorent ce soir de leur présence.
Vous connaissez mon engagement de toujours dans le combat qui nous réunit ce soir, combat contre une pandémie qui nous a profondément transformés et qui est sans doute le plus grand défi sanitaire de ces 25 dernières années.
Dans le cadre de la Présidence française de l’Union européenne, je suis fier de constater que les 27 pays de l’Union ont réaffirmé ce matin, avec vigueur, leur détermination à lutter ensemble contre cette pandémie mondiale. Les Vingt-sept ont également réaffirmé cette conviction, qui est la nôtre depuis le début : toutes les personnes vivant avec le VIH/SIDA doivent pouvoir bénéficier de la même attention, des mêmes soins et des mêmes traitements – quels que soient leur pays, leur race, leur sexe, leur religion.
Les ravages du SIDA sont indissociables de la pauvreté, de l’inégalité et de la discrimination à l’échelle du globe. Les efforts déployés jusqu’ici n’ont pas été suffisants pour endiguer l’expansion du VIH/SIDA. Et c’est pourquoi il est important que nous réaffirmions aujourd’hui notre détermination à mettre en œuvre, d’ici à 2010, l’accès universel à la prévention, aux traitements et aux soins. C’est un aspect, et un aspect essentiel, du combat plus large que nous menons en faveur du développement. Vous êtes tous témoins de l’engagement européen pour mobiliser les puissances économiques dans cette période de crise financière. La mobilisation doit profiter à tous, et l’Afrique ne sera pas le parent oublié de la reconstruction économique. Soyez assurés que la France des Droits de l’Homme et toute l’Union européenne lutteront ensemble jusqu’à ce que soient atteints les Objectifs du Millénaire pour le Développement.
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Au début de l’épidémie, la France était le pays d’Europe le plus touché. Elle a très vite développé une stratégie collective de lutte contre la pandémie. Nous avons pu nous appuyer sur un vivier de jeunes chercheurs, dont certains sont devenus prix Nobel de médecine. Je salue la présence de Françoise Barré-Sinousi et de Luc Montaigner. Aux côtés de ces chercheurs, des cliniciens et des personnels soignant dévoués ont apporté une réponse exemplaire et courageuse, qui nous a permis de tendre la main par-delà nos frontières. Dès 1985 la France a proposé son soutien aux pays à ressources limitées. En 1997, à Abidjan, Jacques Chirac et moi-même avons proposé la création du Fonds de Solidarité Thérapeutique International (FSTI), premier instrument dédié à l’utilisation des antirétroviraux dans les pays du Sud à un moment où beaucoup doutaient de la capacité des Africains à prendre ces médicaments (car, disait-on, ils n’ont pas de montre !).
Nous pouvons dire avec fierté que nous avons ainsi ouvert la voie à la création en 2001 du « Fonds mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme ». Nous sommes le deuxième contributeur et avec nos partenaires européens nous représentons 60% des contributions.
Nous sommes aussi à l’origine de la création du GIP ESTHER, formidable instrument de coopération bilatérale, implanté dans 18 pays, sur 176 sites. En 2007, ESTHER a permis à plus de 70.000 personnes de bénéficier d’une prise en charge de qualité. L’alliance ESTHER rassemble aujourd’hui 10 pays européens, qui oeuvrent au renforcement des systèmes de santé dans les pays du Sud, en contribuant à la formation des personnels sur place. Car nous devons nous appuyer sur la société civile des pays concernés. Nous devons en faire un acteur à part entière de la lutte contre le SIDA, et lui donner toute sa place dans les Instances du Fonds Mondial.
Mais le combat contre le SIDA passe aussi par la mise en œuvre de financements innovants, qui seuls permettront de pérenniser notre action. La France a ainsi proposé la taxe sur les billets d’avions. Cette taxe rapporte environ 160 millions d’euros par an. Cette somme est allouée à UNITAID, et sert à faire baisser les prix des médicaments, et aussi à mettre en place des traitements mieux adaptés pour les trois pandémies meurtrières que sont le SIDA, la tuberculose, et le paludisme.
Le combat contre le SIDA passe enfin par des efforts redoublés dans le domaine de la recherche scientifique et médicale. Et il faut prendre en compte tous les aspects du phénomène : l’ANRS, l’Agence nationale de recherche sur le Sida et les hépatites, permet d’intégrer la recherche fondamentale et la clinique, sans oublier les sciences de l’homme et de la société. C’est cette diversité d’approche qui apporte les éléments indispensables pour la compréhension de la pandémie.
Les terrains d’action sont nombreux, sur lesquels nous sommes engagés. Nous obtenons des résultats, qui sont tangibles. Et pourtant nous sommes encore loin du but : l’accès universel aux soins, et la réalisation des Objectifs du Millénaire. Je plaide sans relâche dans toutes les instances auxquelles je participe, pour que les autres pays européens suivent notre voie. Pour que les pays du Sud appliquent les engagements d’Abuja et consacrent 15 % de leur budget à la santé…
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Depuis le début de l’épidémie, le monde des arts a apporté son témoignage et son soutien. Je pense notamment à Niki de Saint Phalle ou à notre regretté Jean-Luc Lagarce… et tant d’autres. Les artistes ont su apporter, à tous ceux qui sont engagés dans lutte difficile et quotidienne contre la maladie, un peu de grâce et de beauté. Ils ont, par leur art, contribué à apaiser les souffrances et à préserver l’espoir du lendemain.
Cette exposition est un fabuleux témoignage de cette capacité de résilience qui fait l’humain – renaître après le pire…. Alors à tous les photographes, qui ont su capter ces instants éphémères et si essentiels d’une naissance nouvelle, je dis très simplement bravo et merci du fond du cœur.