GENÈVE — L’ONUSIDA et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme se disent très préoccupés par une nouvelle loi adoptée au Nigeria qui risque de nuire gravement à l’accès aux services de lutte contre le VIH pour les lesbiennes, les gays, les bisexuels et les transgenres (LGBT). Il en résulte que ces personnes, mais aussi leurs organisations, les activités qu’elles mènent et les personnes qui les soutiennent seront davantage passibles de sanctions pénales.
Ces nouvelles dispositions légales pourraient empêcher les personnes LGBT d’accéder aux services essentiels de lutte contre le VIH, alors même qu’elles peuvent être fortement exposées au risque de contracter le virus. Cette évolution menace la réussite du Plan présidentiel de riposte globale au VIH et au sida que le Président Goodluck Jonathan a lancé voilà moins d’un an.
Les répercussions de ce texte de loi sur la santé, le développement et les droits de l’homme sont potentiellement désastreuses. L’homosexualité est déjà un délit au Nigeria et ces nouvelles dispositions prévoient de nouvelles sanctions pour les personnes LGBT, leurs organisations et leurs activités. Ainsi, le texte stipule : « Toute personne qui s’inscrit à un club, une société ou une organisation homosexuelle, qui en assure le fonctionnement ou qui y participe, ou toute personne qui, directement ou non, affiche publiquement une relation amoureuse avec une personne du même sexe au Nigeria se rend coupable d’un délit passible d’une peine de dix ans de prison. »
Tombent également sous le coup de la loi toute personne ou groupe de personnes qui soutiennent « l’inscription, le fonctionnement et le maintien de clubs, sociétés et organisations, ou les manifestations ou réunions à caractère homosexuel au Nigeria ». Là encore, la peine encourue est de dix ans de prison.
Les dispositions de la loi risquent de renforcer l’homophobie et la discrimination, de justifier le refus d’offrir des services de lutte contre le VIH et d’encourager la violence sous le prétexte d’une orientation sexuelle et d’une identité de genre réelles ou perçues. Elles pourraient également se retourner contre les organisations qui s’attèlent à fournir aux personnes LGBT des services de prévention et de traitement de VIH.
À l’échelle mondiale, le Nigeria arrive en deuxième position en ce qui concerne l’ampleur de l’épidémie de VIH. Ainsi, on estime qu’en 2012, 3,4 millions de personnes vivaient avec le virus dans le pays. En 2010, les estimations situaient la prévalence nationale du VIH à 4 pour cent pour la population générale, et à 17 pour cent chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes.
En 2011, dans la Déclaration politique des Nations Unies sur le VIH/sida, tous les États membres de l’ONU se sont engagés à lever les obstacles juridiques dans ce domaine et à adopter des lois qui protègent les populations vulnérables au VIH.
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L’ONUSIDA et le Fonds mondial en appellent à ce que la constitutionnalité de la loi soit examinée de toute urgence au regard des graves répercussions que le texte peut avoir sur la santé publique et les droits de l’homme. Du reste, ils demandent instamment au Nigeria de mettre en place des mesures exhaustives pour garantir la continuité des services de lutte contre le VIH aux personnes LGBT du pays, sans que celles-ci craignent d’être arrêtées ou de subir d’autres mesures de rétorsion. L’ONUSIDA et le Fonds mondial continueront de collaborer avec les autorités nigérianes et avec les organisations de la société civile pour que chacun, dans le pays, continue d’avoir accès en toute sécurité à des services de lutte contre le VIH.
L’ONUSIDA et le Fonds mondial exhortent l’ensemble des gouvernements à protéger les droits de l’homme des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres en abrogeant toutes les dispositions pénales qui interdisent les relations sexuelles entre adultes consentants du même sexe, en appliquant des lois qui les protègent contre toute forme de violence et de discrimination, en encourageant des campagnes qui ciblent l’homophobie et la transphobie et en veillant à ce qu’il existe des services de santé suffisants pour répondre à leur besoins.
Contact
ONUSIDA | Sophie Barton-Knott | tél. +41 22 791 1697 | bartonknotts@unaids.org
Fonds mondial | Ibon Villelabeitia | tél. +41 79 292 5426 |ibon.villelabeitia@theglobalfund.org
ONUSIDA
Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, le FNUAP, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour que la riposte au sida donne les meilleurs résultats possibles. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook et Twitter.
Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme
Le Fonds mondial est une institution financière internationale dont la mission est d’attirer et de décaisser des fonds pour la prévention et le traitement du sida, de la tuberculose et du paludisme. Il encourage les partenariats entre gouvernements, société civile, secteur privé et communautés affectées, considérés comme la solution la plus efficace pour atteindre celles et ceux qui en ont besoin. Cette démarche novatrice s’appuie sur les notions d’appropriation par les pays et de financement selon les résultats, ce qui signifie que les pays mettent en œuvre leurs propres programmes en fonction de leurs priorités et que le Fonds mondial en assure le financement pour autant qu’ils donnent des résultats susceptibles d’être vérifiés.