Cette année, la journée mondiale de lutte contre le paludisme, célébrée le 25 avril, s’inscrit dans un contexte de crise sanitaire. Les institutions internationales en santé se sont rapidement mobilisées pour répondre à l’épidémie de Covid-19 tout en appelant à maintenir les activités de santé essentielles aux populations notamment en matière de lutte contre le paludisme qui a tué 405 000 personnes – dont près de 70% d’enfants de moins de cinq ans – sur les 228 millions de cas recensés.

« La pandémie de COVID-19 a mis à l’épreuve la résilience de systèmes de santé solides partout dans le monde. Compte tenu du lourd fardeau que le paludisme fait peser sur les populations vulnérables dans les pays dont le système de santé est fragile, l’OMS souligne qu’il est capital de poursuivre les efforts de prévention, de détection et de traitement du paludisme », tout en respectant les gestes barrière pour éviter toute transmission de la Covid-19, a souligné l’OMS au mois de mars [1].

L’OMS a formulé plusieurs recommandations [2] et a demandé aux gouvernements de faire preuve de flexibilité et de répondre rapidement aux besoins des patients et des personnels de santé.

Les programmes nationaux et locaux doivent continuer leurs activités :

  • de prévention et de contrôle vectoriel : distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticides, pulvérisation intra-domiciliaire, diagnostics précoces, tout en respectant les gestes barrières pour éviter toute transmission du coronavirus en particulier dans les régions touchées par la Covid-19 ;
  • de distribution de traitements préventifs : chimio-prévention du paludisme saisonnier et traitement pour les femmes enceintes doivent continuer à être administrés
  • de commande anticipée de médicaments, de tests de diagnostic et de matériels de prévention afin de prévenir sur le long terme tout risque de rupture d’approvisionnement
  • de communication auprès de la population pour les encourager à consulter leur centre de santé dès l’apparition de fièvre
  • d’implication des communautés et de la société civile pour une meilleure prise en charge de la population

Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a réagi rapidement à l’épidémie de Covid-19 en mettant à disposition des pays qu’il finance 1 milliard de dollars US pour leur permettre de répondre à cette urgence sanitaire tout en continuant à lutter contre le VIH, le paludisme et la tuberculose et à renforcer les systèmes de santé, à travers deux voies possibles :

  • Par la possibilité d’utiliser jusqu’à 5% du montant de leur subvention en reprogrammation d’activité et d’économies pour un montant maximum total de 500 millions de dollars US
  • Par la création d’un mécanisme temporaire de lutte contre la Covid-19 de 500 millions de dollars US en reconnaissance de la nécessité d’une action immédiate et rapide que le Fonds mondial est en mesure d’apporter pour contrôler la pandémie [3].

L’Afghanistan par exemple, renforce ses capacités de diagnostic de la Covid-19 tout en étendant les outils de diagnostic du paludisme en dehors de Kaboul et en achetant des kits de dépistage et des antiseptiques.

Le Honduras a acheté 25 000 masques chirurgicaux et 5 000 masques respiratoires N95 et utilise 4 ventilateurs et une machine à rayons X mobile pour répondre à l’épidémie de Covid-19 tout en maintenant les activités de lutte contre le paludisme [4].

Les orientations du Fonds mondial et de ses partenaires offrent des flexibilités dans la gestion des programmes qui permettent aux pays d’apporter une réponse adaptée non seulement à l’épidémie de Covid-19 mais aussi au maintien voire au renforcement des services de santé essentiels aux populations affectées par le VIH, la tuberculose et le paludisme.

Il est vital que les programmes de lutte contre le paludisme soient maintenus et adaptés au contexte de la crise sanitaire actuelle afin d’éviter que les progrès constatés sur les deux dernières décennies dans la lutte contre le paludisme ne soient anéantis.

crédit photo : © The Global Fund / Andrew Esiebo


[1]  Questions-réponses : le paludisme et la pandémie de COVID-19
[2] Lire la publication de l’OMS « Tailoring malaria interventions in the Covid-19 response », 9 avril 2020
[3] Lire la note « La réponse du Fonds mondial à l’épidémie de Covid-19 » des Amis du Fonds Mondial Europe, 15 avril 2020
[4] Lire le rapport du Fonds mondial au 21 avril 2020