Le nouveau rapport de l’Organisation mondiale de la santé sur le paludisme, publié aujourd’hui, lundi 19 novembre alerte sur la situation préoccupante de l’épidémie.

Si les progrès persistent dans la moitié des pays d’endémie, le paludisme progresse à nouveau dans 10 des pays [1] les plus lourdement affectés qui regroupent à eux seuls 70% des cas et enregistrent en 2017 3,5 millions de cas supplémentaires en une seule année. Ainsi, après dix années de progrès remarquables, la lutte contre le paludisme est entrée dans une phase de stagnation qui pourrait laisser présager une reprise épidémique.

Depuis 2015, le nombre de cas de paludisme et de décès dus à cette maladie ne fléchit plus. L’OMS estime que le nombre de cas de paludisme est passé de 217 millions en 2016 à 219 millions en 2017. Le nombre de décès stagne, avec 435 000 décès en 2017, contre 451 000 en 2016.

Les financements disponibles pour parvenir à mettre fin à la maladie en tant que problème de santé publique restent stables depuis 2010 et ne représentent que la moitié des besoins nécessaires pour à la fois enrayer la reprise de l’épidémie dans les pays lourdement affectés et consolider les progrès des pays sur la voie de l’élimination. En 2017, seuls 3,1 milliards de dollars ont été mobilisés contre 6,6 milliards de dollars minimum requis chaque année d’ici 2020.

Sylvie Chantereau, directrice des Amis du Fonds Mondial Europe déplore : « L’OMS le confirme : à ce rythme, les objectifs fixés pour 2020 [2] ne seront jamais atteints. Nous faisons face aujourd’hui à une épidémie à deux têtes : une reprise épidémique dans les pays lourdement affectés et des progrès dans les pays sur la voie de l’élimination. La communauté internationale doit affirmer sa volonté politique et fournir sans se lasser autant d’efforts que nécessaires contre cette maladie évitable ».

En effet, la situation alarmante observée dans les pays de forte endémie masque quelques bonnes nouvelles : en 2017, 46 pays ont notifié moins de 10 000 cas de paludisme (contre 37 pays en 2010) et 26 pays ont répertorié moins de 100 cas de paludisme (contre 15 pays en 2010). Par ailleurs, la Chine, le Salvador et le Paraguay ont réussi à éliminer entièrement le paludisme de leur territoire.

Sylvie Chantereau ajoute : « Mettre fin au paludisme en tant que problème de santé publique n’est pas illusoire, mais bien possible. Et nous avons deux ans devant nous pour être sur la bonne route et en finir avec le paludisme dans les quinze années à venir. La prochaine conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial qui se tiendra à Lyon en 2019 sera un tournant majeur : soit la communauté internationale se mobilisera pour tout mettre en œuvre pour éliminer cette maladie, soit nous ferons face à nouveau à un fléau sanitaire semblable à ce que nous avons connu par le passé et dont les millions de victimes ne peuvent plus témoigner, faute d’en avoir été protégés et traités ».

Note aux rédactions :
Télécharger le rapport de l’OMS (en anglais)
Télécharger le résumé du rapport (en français)

Contact presse :

Sophie Baillon, Amis du Fonds Mondial Europe : 01 44 07 08 66 / sophiebaillon@afmeurope.org

Créée en 2005, l’association « Amis du Fonds Mondial Europe » (Friends of the Global Fund Europe) a pour mission de mobiliser en Europe les initiatives publique et privées en faveur de la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme et de la santé mondiale, de faire connaître et reconnaître les objectifs, les actions et les résultats du Fonds mondial et de contribuer à l’accroissement de ses ressources.

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[1] Burkina Faso, Cameroun, Ghana, Mali, Mozambique, Niger, Nigeria, Ouganda, République Démocratique du Congo, Tanzanie.

[2] L’OMS, dans sa stratégie 2016-2030, prévoit de réduire les cas de paludisme et les décès dus au paludisme de 40% d’ici 2020.